Anne Laforet
2009
sous la direction de Jean Davallon
Université d’Avignon
La conservation du net art est un sujet complexe qui nécessite de construire une approche spécifique pour regarder le net art : elle doit prendre en compte la dimension matérielle de l’œuvre. La conservation ne se préoccupe pas uniquement d’esthétique, pas uniquement de la façon dont le public fait l’expérience de l’œuvre, mais a besoin d’avoir accès à ce type d’informations pour que le processus de conservation prenne place.
Ce travail de recherche présente un panorama de la création par et pour Internet. Il décrit des œuvres choisies pour leur exemplarité en ce qui concerne les problèmes de conservation qu’elles peuvent avoir, et non pas selon une typologie élaborée pour d’autres propos que la conservation. Il présente également une vue d’ensemble des institutions qui, en Europe et en Amérique du Nord, ont mis en place des stratégies de conservation spécifiques. Ce dernier point a pris la forme d’analyses de cas, de terrains, à partir d’une grille issue d’observations, de lectures et d’entretiens.
Cette étude se penche également sur la façon dont la conservation dialogue avec les autres fonctions du musée au sein de celui-ci. En effet, celle-ci ne peut être abordée indépendamment de manière pertinente, car elle accompagne l’œuvre tout au long de son cycle de vie. Chaque œuvre implique un traitement qui lui soit propre. Cela pose également la notion de la notation, c’est-à-dire la façon de décrire l’œuvre afin de la reproduire, et ce même lorsque son environnement technologique sera obsolète. Les manières de pallier cette obsolescence sont donc explorées au fil de la thèse : émulation, migration, partition, ré-interprétation, auto-archivage, archivage automatique, etc. qui peuvent être également combinées.
L’approche matérielle du net art se traduit par une interrogation de ses différents niveaux de lecture : au niveau du code qui compose l’œuvre, celui des fichiers, ce qui se passe à l’écran, l’interaction qui se met en place entre l’œuvre et l’internaute qui en fait l’expérience. Les notions de performativité du code et d’activation se révèlent utiles dans cette réflexion.
La conservation n’a lieu que s’il est attribué de la valeur à ce qui est conservé. La discussion de la valeur des œuvres a lieu à travers deux catégories d’acteurs non muséaux qui l’influencent et sont en retour influencés par lui : les acteurs du marché de l’art d’un côté, et de l’autre, les historiens et critiques d’art.
Tous ces éléments permettent de composer une cartographie pluridisciplinaire de la question de la thèse.